Mon récit d’allaitement

Bien souvent, l'une des premières questions qu'une future maman se fait poser lorsqu'elle annonce être enceinte est si elle prévoit allaiter. De mon côté, ma réponse à cette question était que j'aimerais beaucoup, mais que je n'allais pas me mettre de pression si ça ne fonctionne pas. J'étais convaincue de ma réponse et je croyais naïvement et sincèrement que ça allait se décider en toute simplicité. But guess what? lorsque Rosie est née, statuer sur la façon dont on allait nourrir notre enfant a été le plus gros dilemme de ma vie.

Enceinte, Pier Luc et moi avions décidé que nous essayerons de mettre Rosie au sein à la naissance et qu'on jugera par la suite si c'est un go ou un no no selon comment je me sens. Considérant qu'il y avait un risque que je n'aime pas ça ou que ça ne fonctionne pas, nous nous étions même équipé en biberons, lait commercial et tout le tralala. À ce moment-là, j'étais encore ouverte [et saine] d'esprit.

Ma première expérience

Mon accouchement aura duré une vingtaine d'heures. Nous avons vu passer trois différentes [merveilleuses] infirmières étant sur trois quarts de travail distincts. Durant ces vingt heures, jamais on nous a demandé quelle était notre préférence pour nourrir notre enfant. Automatiquement, lorsque Rosie est née, l'infirmière l'a déposé sur moi, la bouche près de mon mamelon. Naturellement et doucement, Rosie s'est immédiatement mise à téter. L'infirmière présente à ce moment s'exclamait avec enthousiasme sur l'habilité de Rosie à si bien prendre le sein. Elle en avait les larmes aux yeux. Elle m’a même mentionné que ma poitrine était destinée à allaiter. De mon côté, j'étais émue, épuisée, heureuse, angoissée. On s'entend, j'arrivais mal à analyser si le fait de me faire téter le mamelon me convenait à ce moment-là.

Quelques minutes plus tard, notre petite famille fut transférée à la maternité, dans notre chambre. J'avais mal au corps, j'étais épuisée. Après avoir réussi à me glisser dans le lit de peine et de misère, deux nouvelles infirmières entra dans la chambre. L'une d'elle prit Rosie dans ses bras et me la donna me demandant de la mettre au sein. Elle voulait voir si la prise était bonne. L'autre infirmière était assise à côté de moi, de l'autre côté. Elle voulait me montrer comment exprimer mon colostrum manuellement. On me dévoila la poitrine et à droite une infirmière avait le visage collé à mon sein alors qu’à gauche une infirmière me tâtait le sein de façon vigoureuse (lire: douloureuse). Encore à ce moment, jamais on nous a demandé quelle était notre préférence pour nourrir notre enfant. Je ne sais pas si c'est le fait que tout s'est déroulé si rapidement ou si c'est parce que j'étais mentalement et physiquement épuisée, mais même si j'étais extrêmement inconfortable dans la situation, je suis restée muette. Lorsqu'elles ont quitté la pièce, j'ai regardé Pier Luc en pleurant et je lui ai dit que je me sentais comme si on venait de m'agresser. C'est important de savoir que la notion de consentement existe aussi lorsque l'on côtoie des professionnels de la santé. Même si leurs gestes vont dans le même sens que nos désirs. Je voulais essayer l'allaitement, je voulais qu'on m'enseigne l'allaitement, mais jamais je n'aurais pensé que ma première expérience m'aurait fait sentir aussi mal.

Durant la nuit, la maman qui partageait notre chambre demanda aux infirmières un biberon de lait commercial. L'infirmière la questionné. Elle voulait savoir pourquoi elle ne donnait [tout simplement] pas le sein à son bébé. Je savais que l'allaitement avait de nombreux bienfaits, mais je l'ai compris encore plus à ce moment-là quand j'ai entendu l'infirmière questionner le choix de cette maman. Dans ma tête je me suis dit que l'allaitement doit être vraiment vraiment vraiment préférable si une professionnelle de la santé allait jusqu'à confronter une maman sur son choix d'offrir un biberon à son nouveau-né.

Apprivoiser l'allaitement, mais aussi le sentiment d'échec

Deux jours plus tard, de retour à la maison, j'apprivoisais toujours l'allaitement avec [pas le même] enthousiasme. Une petite voie dans ma tête me chuchotait que je devais persévérer parce que le lait maternel est ce qui a de mieux pour mon bébé. J'étais clairement sous l'influence des agissements des infirmières. Au fond, je trouvais ça vraiment difficile de nourrir mon enfant au sein, surtout que ma montée laiteuse n'était toujours pas arrivée pis que mon corps souffrait tellement encore.

À la troisième journée de vie de Rosie, plus rien n'allait #pousséedecroissance. Rosie avait été à mon sein durant des heures. Elle pleurait sans cesse et refusait de dormir. Aux petites heures du matin, j'ai pris la décision de téléphoner info-santé. On m'a demandé si bébé était allaité et si ma montée laiteuse était arrivée. On a conclu que Rosie était probablement affamée et que je n'arrivais pas à la satisfaire faute de lait qui tardait à arriver. Pier Luc et moi avons décidé de lui offrir un biberon de lait commercial. Elle l'a engloutie et s'est ensuite endormie. Cette soirée là j'ai tellement pleuré. J'ai pleuré parce que j'ai donné un biberon de lait commercial plutôt que le sein à mon bébé tout neuf. Pour ajouter à mon sentiment de culpabilité, même sur le contenant il était indiqué que le lait maternel est à prioriser. Je m'en voulais terriblement de ne pas produire suffisamment de lait pour nourrir mon enfant. Cette nuit-là, j'ai ressenti pour la première fois un sentiment d'échec.

Le lendemain, en exprimant mon colostrum manuellement, j'ai aperçu un petit point blanc sortir de mon mamelon. Ma montée laiteuse était [finalement] arrivée. Joie, sentiment de réussite. Je suis sur un gros high. En plus, Rosie prend bien le sein. J'ai la chance qu'elle ne me blesse pas en apprenant à boire. J'ai tout pour réussir. Avoir tout pour réussir ou se mettre de la pression sans s'en rendre compte... Dans la même journée, je retombe. Au fond de moi, seigneur que je trouve ça [trop] exigeant allaiter. Mais je dois continuer, je dois m'acharner, c'est ce qui est le meilleur pour mon bébé.

Les jours qui ont suivis on été remplis de questionnements. J'ai beaucoup échangé avec Pier Luc, j'ai dressé une liste des avantages et inconvénients, je me suis éduquée en lisant sur le sujet, j’ai rejoint des groupes facebook sur l’allaitement. C'était littéralement obsessif. Dans mes lectures, je lisais à quel point le lait maternel était bon. Je lisais aussi que le corps répond à la demande de bébé. Que si j'arrêtais un moment, qu'il se peut que mon corps arrête de produire du lait. Je lisais aussi qu'il était déconseillé de tirer son lait avant 6 semaines. Donc impossible d’avoir une réserve de lait d’ici là. Je me sentais prise au piège. D'un côté je voulais offrir ce qui était de mieux à Rosie, mais de l'autre, je trouvais que l'allaitement était méga contraignant.

Puis, j’ai été chercher de l’aide

J'ai contacté une marraine d'allaitement. Elle m'a aidé à trouver des solutions aux éléments que je trouvais contraignants. Par exemple, allaiter en publique. Elle m'a rassuré sur d'autres points qui m'angoissait du genre qu'il est possible que ton bébé fasse une confusion sein/tétine si tu lui donnes des biberons à l'occasion. Je ne peux vous dire à quel point son aide et son support m'ont aidé à aimer l'allaitement. Si j'ai un conseil à te donner maman qui a des questions à ce sujet, sache aller chercher ton information à la bonne place et de t'entourer des bonnes personnes.

Une maman en santé c'est tout ce qui compte

Peu importe les raisons pour lesquelles je me suis mise autant de pression pour allaiter, on s'entend que la santé mentale dans tout ça c'est ce qui importe. C'est pas normal d'être gênée devant la caissière à la pharmacie d'acheter du lait commercial. Je suis d'avis que c'est pas non plus normal et sain de se donner des objectifs en termes de temps pour continuer d'allaiter. L'allaitement devrait être naturel, sans malaise et en symbiose avec nos désirs. Ça devrait pas être souffrant maman. Rappel-toi que l'important c'est que ton bébé soit nourrit, peu importe la façon dont il est nourri. Le best pour ton babe c’est que sa maman soit heureuse.

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